C’est avec grand plaisir que nous avons accueilli ce mardi 10 décembre Maxime Mullens, représentant la maison Paul Jaboulet Aîné. Et ce n’est pas moins de 8 références que nous avons eu la joie de découvrir en sa compagnie, tout en approfondissant nos connaissances des arcanes œnologiques.
A peine son exposé commencé, Maxime nous sert un premier verre. Nous dégustons ainsi Le Grand Pompée tout en apprenant que les caractéristiques du sol, son orientation par rapport au soleil et à la pluie, le climat et le savoir-faire de l’homme sont les éléments cardinaux à prendre en compte pour la qualité d’un vin.
Le Grand Pompée (Saint Joseph). Blanc.
Cépage : 100% Marsanne.
Vinification : 80% barrique, 20% cuve béton.
Nez : Pêche blanche, noisette.
Goût : Belle longueur en bouche. Ce vin minéral offre une note fraîche et équilibrée.
Note Oenoc : C’est un vin qui s’accompagne volontiers. Il se marie bien avec le fromage à pâte dure, et le chèvre par exemple.
Sans tarder, nous enchainons ensuite sur la deuxième référence, pendant que notre invité nous explique l’avantage des coteaux de son domaine, dans la vallée du Rhône. C’est en effet un sol de galets, qui reflète la lumière du soleil sur le flanc du coteau, et permet donc de chauffer les feuilles quelle que soit la position du soleil. Les vignes sont ainsi moins exposées au gel ou aux champignons. C’est également ce sol argilo-calcaire qui donne le côté salin du vin que nous venons de goûter.
Crozes-Hermitage Mule Blanche 2018. Blanc.
Cépage : 50% Marsanne, 50% Roussanne.
Vinification : 80% fût, 20% œuf béton.
Nez : Citron vert avec des touches de lait d’amande.
Goût : Celui-ci se distingue par davantage de complexité que le précédent malgré sa jeunesse, avec une note plus acidulée sur la longueur en bouche.
Note Oenoc : Cette référence se laisse davantage siroter seule qu’accompagnée, le fromage lissant en effet ses particularités.
C’est sur une anecdote à propos des grands crus Bordeaux que nous passons au troisième vin. Saviez-vous que le classement Grand Cru Bordeaux institué par Napoléon en 1865 se basait uniquement sur le prix auquel les producteurs parvenaient à écouler leurs bouteilles ? Il semblerait que le prestige de cette distinction a néanmoins suffi à pousser ces mêmes producteurs vers l’excellence au fil du temps.
Secret de famille Syrah 2017. Rouge.
Cépage : 100% Syrah.
Vinification : Cuve en inox.
Nez : Fruité.
Goût : Fruité.
Note Oenoc : Un vin à consommer rapidement, lors d’un repas comportant de la viande (grillée).
Monsieur Mullens nous explique alors que les vins dont le nom du cépage est inscrit clairement sur le devant de la bouteille (dans le nom par exemple…) sont des vins destinés à des tables touristiques. Un étranger venant savourer un bon vin en France, connaissant (et demandant) davantage les cépages que les châteaux. Sans plus attendre nous attaquons la quatrième bouteille.
Crozes-Hermitage Les Jalets Rouge 2016. Rouge.
Cépage : 100% Syrah.
Nez : Fruité là encore, mais plus aromatique.
Goût : Un peu boisé avec un tantinet de réglisse en fin de bouche.
Note Oenoc : S’il s’accompagne aisément, il faut avouer que cette bouteille se laisse boire toute seule ! Pour un peu moins de 20 euros on est sur un excellent rapport qualité/prix comme la côte du Rhône sait en proposer.
Une référence qualitative donc, d’autant plus si on considère, comme notre invité, que finalement la principale caractéristique d’un bon vin est sa digestibilité/buvabilité plutôt que d’obscurs critères qui varient selon les palais. Une buvablité dont votre serviteur scribe se met à souffrir des effets, et s’excuse pour le manque croissant de détails dans sa prise de note à mesure que la dégustation se poursuit.
Mademoiselle L (Haut Médoc). Rouge.
Cépage : 60% Cabernet Sauvignon, 40% Merlot.
Goût : Offre une certaine complexité.
C’est l’occasion pour Maxime Mullens d’expliquer que, si le domaine Paul Jaboulet Aîné comporte 204 hectares certifiés bio, il faut se méfier de cette appellation. Elle est en effet dépendante de l’origine du produit. Ainsi un vin bio venant d’Amérique du Sud ne le sera pas nécessairement selon le cahier des charges européen, mais pourra librement l’afficher sur son étiquette dans le marché français.
Evidence 2011. Rouge.
Cépage : 50% Syrah, 50% Cabernet Sauvignon/Merlot.
Nez : Des saveurs (trop) puissantes et riches.
Goût : Peu complexe mais rafraichissant.
Note Oenoc : Si le tannique chatouille d’abord le nez, le vin se révèle bien plus docile une fois en bouche et se laisse boire sans accros. A boire très rapidement cependant si votre bouteille date de 2011.
Alors que nous approchons de la fin de la dégustation, Maxime Mullens nous livre ses derniers secrets. Saviez-vous par exemple que pour produire un vin, un château se doit d'abord de réunir une « famille » de trois cépages. Une image qu’il admet volontiers un peu vieillotte où il est nécessaire de disposer d’un homme fort et tannique, d’une femme plus douce et fruitée, et d’un enfant qui vieillira plus vite tout en apportant rondeur et arômes.
Crozes-Hermitage Domaine de Thalabert 2014. Rouge.
Cépage : 100% Syrah.
Nez : Fruits rouges (baie et cerise), avec une teinte poivrée.
Goût : Complexe sans trop de longueur en bouche, on retrouve ce qu’on sentait au nez.
Note Oenoc : Très bon vin qui s’accompagne aisément, notamment avec de la charcuterie (ou de l’agneau!). Il s’agit de la plus jeune année commercialisée car c’est un vin qui se boit vieux. Il ne faut donc pas hésiter à le conserver encore un peu, il n’en sera que meilleur.
Et c’est sur une dernière bouteille, et pas des moindres, que s’achève ensuite la dégustation :
Hermitage La Petite Chapelle 2014. Rouge.
Nez : Agréable, les senteurs se révèlent en douceur.
Goût : Bon.
Note Oenoc : Un grand vin de parcelle, dont la qualité supérieure transpire en bouche. On déconseille toutefois la charcuterie comme accompagnement, lui donnant un côté un peu acide qui ne lui fait pas honneur.
Nous remercions finalement notre invité et la maison Paul Jaboulet Aîné qu’il représente pour cette dégustation des plus qualitatives. Ce fut un plaisir d’écouter ce passionné tout en savourant des références qui, ma foi, valaient sacrément le coup d’être savourées. Mention spéciale pour Les Jalets Rouge 2016 et son rapport qualité/prix remarquable.