Oenocratia a reçu le 15 mars 2018 Mme Emmanuelle Fulchivenue présenter les vins des domaines dont la famille de Boüard de Laforest possède des parts, parmi lesquels les vins de la prestigieuse maison Angélus.
Les différents vins présentés par notre intervenante ont reflété la richesse des sols de Saint-Émilion. Notre dégustation nous a permis de nous évader l’instant de quelques heures dans la région et de se laisser guider par les nombreuses saveurs propres à chacun des six vins dégustés.
Notre voyage œnologique a débuté avec pour premier vin le Château Roc de Boisseaux (Saint-Émilion Grand Cru), millésime 2012, composé à 70% de Merlot, 25% de Cabernet Franc et 5% de Cabernet Sauvignon. La famille Rivoal est propriétaire et exploitante de ce vin dont Hubert de Broüard est l’un des deux œnologues. En bouche, nous distinguons des petites notes grillées qui viennent remonter les saveurs de fruit. Emmanuelle Fulchi nous a conseillé de garder le vin une dizaine d’année. En discutant, elle nous a aussi donné une petite indication concernant la dégustation des vins de Bordeaux à majorité de Merlot : si au nez nous sentons la confiture, c’est que le Merlot a trop vieilli et qu’il a perdu de son acidité !
La Fleur de Broüard (millésime 2011, appellation Lalande de Pomerol) était le second vin que nous avons découvert ce 15 mars. Composé de 85% de Merlot, 7% de Cabernet Franc et 8% de Cabernet Sauvignon. Ce vin se distingue par ses saveurs de fruits noirs et d’épices. On peut même envisager un petit côté cerise à l’eau de vie en bouche. Le vignoble de 25,2 hectares produit aussi une cuvée « Le Plus » composé de 100% de Merlot, en élevage très long. Nous avons longuement discuté avec Emmanuelle Fulchiqui a pu nous donner de nombreux conseils et nous fournir quelques anecdotes sur chacun des vins. Nous avons appris qu’en 2011 les raisins ont été victimes d’un important décalage de maturité, il a alors fallu adapter la récolte, l’étaler davantage dans le temps. Pour indication, le millésime dégusté se vend à un prix d’environ 30 euros.
Le troisième vin dégusté fut le Château de Bellevue (Saint-Émilion Grand Cru Classé), millésime 2013. Le domaine appartient à 50% à la famille de Broüard de Laforest et à 50% à la famille Pradel de Lavaux. Il s’agit d’un vin très surprenant 100% Merlot même si cela interpelle la plupart des dégustateurs confirmés selon Emmanuelle Fulchi. En effet, les sols du vignoble de 6,8 hectares étant très froids, la maturité des raisins se veut lente et nous constatons donc une forte acidité du vin. Le Merlot possède presque les caractéristiques d’un Cabernet Franc ! Le domaine se caractérise par un écosystème exceptionnel que les propriétaires essaient de préserver au maximum, il s’agit d’une petite propriété à côté du Château Angélus. Nous avons appris que les vendanges du Château de Bellevue sont très étalées en raison des différentes expositions que l’on rencontre.
En ce qui concerne le vin en lui même, le nez s’ouvre sur des arômes de cerises mûres et croquantes avec quelques notes discrètes d’épices sucrées. L’attaque est soyeuse, la structure monte peu à peu en puissance en s’appuyant sur de petits tannins fins et réguliers et sur une fraîcheur élégante.
Notre dégustation s’est ensuite tournée vers la maison Angélus (41,78 hectares donc 26 hectares classés) avec dans un premier temps Le Carillon d’Angélus (Saint-Émilion Grand Cru). Un vin né en 1987 et qui a acquis sa propre identité au fil des années. Aujourd'hui, ce vin ne peut pas être considéré comme uniquement un petit frère du Château Angélus, il possède ses propres spécificités. Nous avons dégusté le millésime 2012. Le vin se présente avec une belle robe pourpre aux reflets rubis. Nous remarquons au nez une belle intensité du vin, on retrouve des fruits rouges agrémentés d’un léger fumé apporté par la barrique. En bouche, l’attaque est suave et la finale rappelle la fraîcheur des fruits. Il s’agit d’un assemblage de 50% de Merlot, 25% de Cabernet Sauvignon et 25% de Cabernet Franc. Ce vin possède une forte demande aujourd'hui.
Puis nous avons découvert le Château Angélus (Premier Grand Cru Classé) millésime 2011. L’étiquette de la référence a peu varié dans le temps et c’est l’une des caractéristiques importantes aujourd’hui des vins de la maison. Ce Premier Grand Cru Classé possède un fort pourcentage de Cabernet Franc : 40% et seulement 60% de Merlot car ce vin a besoin de davantage de sols chauds pour s’exprimer jusqu’au bout. Le Cabernet Franc ayant plus d’acidité que le Merlot le côté énergique du vin est plus facilement conservé. Le cépage Petit Verdot n’est pas encore en production dans le vignoble du Château Angélus puisqu’il n’a été planté que l’an dernier.
Le vin s’ouvre sur des arômes purs de fruits mûrs. L’attaque est franche. On remarque que l’on sent encore le bois, ce qui est normal puisque le vin est encore très jeune. Le potentiel de garde conseillé est : 2025-2040.
Enfin, nous avons terminé avec le Château Angélus (Premier Grand Cru Classé), millésime 2006. Il s’agit selon notre intervenante d’un millésime assez représentatif de Saint-Émilion en termes de puissance avec une palette aromatique large.
Nous avons appris que le terme « Angélus » avait posé quelques problèmes dans des pays orthodoxes (comme la Bulgarie) puisque la religion interdit que l’on s’approprie des termes religieux. (En effet, l'angélus, la prière de l'ange, est une prière de l'Église catholique d'Occident composée de trois versets en l’honneur de l’incarnation du Christ).
Pour finir sur une touche d’humour concernant ces vins, notre intervenante nous a fait sourire en soulignant que les vins d’Angélus aux tanins ronds avaient un effet très agréable en bouche malgré leur puissance et que pour parler plus simplement : « on n’a pas envie de se jeter sur un verre d’eau juste après ! » .
Oenocratia tient à remercier une nouvelle fois Emmanuelle Fulchi pour sa présence à ESCP Europe et les nombreux conseils que cette dernière a pu nous donner.
C’est santé, c’est plaisir, c’est Oenoc’ !