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Dégustation 2018.15 : Château Margaux

Mercredi 5 Décembre 2018

Ce mercredi 5 décembre 2018 fut un jour très particulier car toute l’équipe d’Œnocratia était très fière et flattée de recevoir dans les locaux d’ESCP Europe le célèbre Château Margaux, présenté par Thibault Pontallier, global ambassador du château et fils de Paul Pontallier, l’emblématique directeur qui s’est éteint en 2016. Pour accompagner M. Pontallier dans cette dégustation plaisante et détendue, était présent Olivier Pinon, managing director qui travaille dans les locaux parisiens du château.

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Avant d’entamer la dégustation, M. Pontallier nous a relaté brièvement l’histoire de ce château, depuis l’ancien fort du XIIe siècle nommé la « Mothe de Margaux », les premiers vignobles puis la naissance du domaine au XVIe siècle, l’entrée progressive du Château Margaux dans la catégorie des vins d’excellence au XVIIe notamment grâce aux progrès réalisés sous le régisseur Berlon jusqu’à la construction du château de style néo-palladien tel que nous le connaissons aujourd’hui par Louis Combes sur ordre de Bertrand Douat. Arrive ensuite le sacre de 1855 lors de la Deuxième Exposition Universelle à Paris sous Napoléon III, où le Château Margaux se classe « Premier Grand Cru Classé » dans le célèbre Classement Officiel des grands vins du Médoc, aux côtés de trois autres noms prestigieux : Château Latour (Pauillac), Château Lafitte-Rothschild (Pauillac) et Château Haut-Brion (Pessac-Léognan), auxquels s’ajoutera Château Mouton-Rothschild (Pauillac) en 1973. La fin du XIXe siècle est néanmoins perturbée par diverses calamités pour les vignobles bordelais : d’abord les champignons tels que l’oïdium et le mildiou, mais également le phylloxéra, un insecte venu des États-Unis. La famille Ginestet entre en jeu et rachète l’intégralité du domaine vers 1950, procède à sa réorganisation mais joue de malchance en faisant face à la crise des années 1970 et à quelques millésimes désastreux. Arrive alors André Mentzelopoulos qui rachète le domaine en 1977, et qui à force d’investissements et de nouvelles techniques telles que le drainage, parvient à restaurer le vignoble et le château ce qui aboutit à un millésime 1978 qualifié d’exceptionnel. Toutefois, M. Mentzelopoulos s’éteint en 1980, après avoir marqué à tout jamais l’histoire du Château. Sa fille Corinne Mentzelopoulos prend alors le relais, et pérennise les acquis de son père. Les vins de Bordeaux connaissent alors leur apogée, en particulier sur la scène internationale. De nos jours, malgré un climat davantage concurrentiel, Château Margaux peut encore jouir du fait qu’il soit l’un des (si ce n’est le) plus grand(s) vin(s) de Bordeaux, doté d’un terroir unique et d’un statut intemporel de « Premier Grand Cru Classé 1855 ».

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Vient l’heure tant attendue de la dégustation, et M. Pontallier nous propose d’ouvrir le bal avec le premier vin Blanc du Château Margaux, le « Pavillon Blanc » sur le millésime 2016. Ce pur Sauvignon blanc, unique en son genre, exprime à la perfection le terroir du Château. Au nez, on sent des parfums très fins tels que des fruits exotiques, des fleurs blanches. L’entrée en bouche - assez atypique pour un Bordeaux - est suave, crémeuse puis une finale assez minérale plus caractéristique de la région. On a une impression de puissance douce. Ce vin, produit sur 12 hectares, vieillira très bien et se mariera à merveille avec le crabe, les vieux fromages, les fruits de mer mais également la cuisine épicée.

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Nous dégustons par la suite le troisième vin rouge du Château, qui n’est autre que le « Margaux du Château Margaux » millésime 2009. Introduit en 1997 afin d’améliorer la qualité des 2 premiers vins, ce Margaux n’en est pas moins une belle image de son grand millésime, très ouvert, charmeur et gourmand qui lui donne sa couleur sombre, son nez riche et complexe avec ses arômes épicés et quelques notes florales. En bouche, on retrouve à nouveau une grande puissance qui contraste avec le fait qu’il soit tout de même très ouvert et facile à boire, et accompagnera parfaitement toutes sortes de viandes. Les cépages sont sans surprise pour un Bordeaux, Cabernet-Sauvignon et Merlot.

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Vient à présent le second vin rouge du Château, qui n’est autre que le « Pavillon Rouge », que nous avons pu déguster sur les millésimes 2004 et 1996.

Le Pavillon Rouge 2004 a pu profiter du célèbre mois de septembre chaud et sec de Bordeaux, qui a donné lieu à une maturation complète des cépages. Le nez est pur et fin mais également puissant, on sent des fleurs, des fruits noirs, de la féminité. L’entrée en bouche est délicate, la texture des tanins est soyeuse, puis on note une certaine puissance, pour finir sur une fin de bouche très fraiche. L’idée de puissance délicate est à nouveau caractéristique de ce vin, telle « une main de fer dans un gant de velours ». Ce vin possède un grand potentiel à terme, car il est issu de meilleures parcelles que son homonyme de 1996 du fait d’une sélection plus importante suite à l’introduction du troisième vin.

En ce qui concerne le Pavillon Rouge 1996, il s’agit là d’un grand millésime, d’une qualité sublimée par le fait que la sélection étant devenue plus stricte pour le Premier Vin, de nombreuses excellentes parcelles furent assignées au Pavillon Rouge. Le nez est davantage porté sur des arômes secondaires, plutôt des fruits rouges, des épices. En bouche, il est plus ouvert et expressif que son homonyme de 2004. Ce vin semble avoir atteint son apogée, à boire sans plus attendre.

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Et enfin, quoi de mieux que de finir une dégustation d’exception par un vin d’exception ? Nous avons ainsi eu droit au grand vin Château Margaux 1989, sans aucun doute le plus digne représentant de l’année de rêve que fut 1989, qui offrit des conditions idéales en termes de chaleur et de sécheresse et permit aux cépages (85% Cabernet-Sauvignon, 10% Merlot, Petit Verdot et Cabernet-Franc pour les 5% restants) d’atteindre un niveau de maturité inégalé. Au nez, on est perdu, le bouquet est très difficile à décrire. Le nez de ce vin est vraiment comparable à un parfum. On retrouve ce mélange de douceur et de puissance également présent en bouche. La suavité des tanins est exceptionnelle, et ce depuis de nombreuses années. On est frappés par l’abondance et la complexité de cet immense vin.

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C’est ainsi que s’achève cette magnifique dégustation de Château Margaux que nous ne sommes pas près d’oublier. Nous tenons à remercier chaleureusement le Château Margaux, et en particulier Thibault Pontallier pour avoir su nous transmettre toute l’émotion procurée par l’histoire et les vins de cet immense Château Margaux auquel il est si intimement lié. Quelle belle manière de finir la saison 2018 des dégustations Oenocratia !